Quitter la France et aller vivre en Ariège

Stop. J’en ai ras la touffe de tous ces abrutis. Je prends mes cliques, mes claques, mon passeport et je me tire. En Ariège.

L’Ariège c’est pas la France, je te dis. Les mecs vivent dans un autre espace-temps. Je suis allée y faire un tour il n’y a pas si longtemps.

Déjà si tu veux passer la frontière de ce département, va falloir soigner ta tenue. Nul autre type de chaussure n’est accepté en dehors des chaussures de rando. C’est comme ça dans le 09, les mioches comme les vieux sont prêts à affronter 1300 mètres de dénivelés, même en sortant acheter le pain. Été comme hiver, tout le monde sort en grosse godasse. A la limite, l’été tu peux mettre des claquettes. Mais faut que ça ait une gueule rando, ou alors que ce soit en cuir de caribou.

Si t’as des escarpins, tu peux rester dans la voiture. Et j’espère que t’es pas venue en Mini Austin parce que tu risques de te prendre des jets de carottes bio sur la carrosserie.

J’ai une certaine expérience de la campagne pourtant. Je viens du Lot-et-Garonne. Mais c’est pas du tout pareil. C’est même carrément l’inverse. Quand le 09 est peuplé de hippies, le 47 est plutôt tendance wesh. Dans le Lot-et-Garonne, les mecs en chaussures de rando, ils se pointent pas à Auchan tranquillou. Vont pas comprendre les gars. Là-bas, c’est plutôt le règne de la Nike air.

Toute façon, il ne viendrait pas à l’esprit d’un Ariégeois d’aller à Auchan. Symbole du capitalisme et du sulfate.

De même pour les coupes de cheveux. En Ariège, on est plutôt sur de la grosse touffe mal coiffée. Mais ça reste quand même travaillé, faut pas croire. C’est un style à part entière. La longueur du pantalon est calculée afin que la chaussette multicolore soit visible au dessus du gros godillot. Bon clairement, tu te pointes pas avec des cheveux comme ça dans le 47. Insultes assurées.

Du coup, moi, je découvre toujours un peu. Heureusement, je suis passée quelques années par la case Toulouse, et le choc a été moindre.

On m’avait déjà traînée à un bal traditionnel l’année dernière. L’expérience avait été déroutante. Voilà que je réitère le week-end dernier pour un concert. Ma copine Martine, maraichère en agriculture biologique et qui est forcément toujours dans ce genre de coup, m’avait un peu prévenue.

Y’a pas beaucoup d’animations dans les parages. C’est un peu l’événement pour eux.

Je n’ai pas saisi tout de suite le sens de la phrase.

C’est quand j’ai pénétré dans la dite salle de concert que j’ai compris. Une horde de gros cheveux en transe autour d’un mec avec une guitare et des bretelles. Tout le monde en farandole, comme si c’était le plus beau jour de leur vie, en mode naissance du roi lion.

S’en est suivi un concert de chanson française sur de la musique africaine. Le tout chanté et joué par des blancs, évidemment. Je vous raconte pas la transe qu’ils se sont payée. Y’avait des cheveux partout.

Mais les gens étaient heureux quoi. Je me suis demandée ce qui leur procurait autant de bonheur. Les percussions ? Leurs godillots ? Les légumes bio ? L’herbe fraîche ?

Un mélange de tout ça sûrement. Oui parce que l’Ariège c’est pas la France, je t’ai dit. Le cannabis est légalisé là-bas. Ca sentait la weed dans tout le bar. Pépouze. On aurait dit que les gars avait fait cramer de l’encens senteur gros joins.

Heureusement, je fume de la roulée. Ca m’a permis de passer incognito. Par contre, ma copine Francine a eu l’audace de commander un gin tonic. Gros blanc au comptoir. J’ai fait comme si j’étais pas avec elle. Mais évidemment, tout le monde nous avait fichées citadines à partir du moment où on n’a pas rejoint la farandole.

Elle a pris sa kro sans broncher. Et puis, pour coller à l’ambiance, on a fini par rouler un peu des épaules, façon ethnique blanc-bec. Mais on avait pas les cheveux adaptés à la situation.

J’avoue, comme ça, on pourrait penser que je les prends de haut. Telle une citadine/ Lot-et-Garonnaise. Bon et puis je suis rentrée chez moi, à Toulouse. C’était le jour du résultat de l’élection présidentielle.

J’ai regardé les scores dans le 09, puis dans le 47. Et j’ai jeté ma paire de Nike air. La rando, c’est sympa quand même.

2 réflexions sur “Quitter la France et aller vivre en Ariège

  1. Je cherchais juste un peu comment étaient les gens dans l’Ariège…et bien j’ai une petite idée maintenant. 5ans après, ça pas dû trop bouger. A voir avec le COVID ?! On y va cet été, je pense. Et peut-être, qui sait, on quittera la France (et le cantal mal léché)…

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