Journal d’une confinée #jour10

Ouais, j’ai raté le jour 9. Il m’a saoulée, je l’ai annulé. Toute façon, j’espère que vous êtes prêts, parce que le mois d’avril est complètement supprimé de l’année 2020.

Par conséquent, j’estime que mon anniversaire ne compte pas non plus. Je ne passe pas les 33 ans cette année, c’est reporté à 2021, merci pour votre compréhension.

Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Gigi la coloc. Anniversaire qui n’existe pas vraiment, on est d’accord. N’empêche que c’est quand même l’occasion de nous ambiancer et de prendre l’apéro, au cas où il nous faudrait une raison.

Du coup, me voilà de retour à la biocoop pour quelques achats, histoire de pas fêter ça à la semi complète et procéder à une célébration digne de ce nom.

Je fais donc la queue du space mountain, et là, alors que je suis prête à pénétrer dans le manège, je sais pas si c’est le stress ou quoi, là, d’un coup, j’ai envie de tousser.

Putain meuf, contrôle toi, c’est pas le moment de flancher, les gens vont penser que t’es infectée, tu vas te faire bannir de la biocoop à vie, et peut-être même être exilée de la ville alors que juste, j’ai un chat dans la gorge, WALLAH J’AI PAS LA GORGE QUI PIQUE NI DE FIÈVRE NI RIEN

J’essaie de me racler le gosier en mode tranquille, aucun problème, un petit raclement pour m’éclaircir la voix kessya, mais en vrai j’ai les poumons tout contractés, j’ai besoin de cracher mes bronches.

Je pénètre dans le space mountain, chuis fan, j’ai réussi à ne pas tousser, je commence à me concentrer sur le sens de circulation autour des légumes, parce que tu sens que t’as pas le droit à l’erreur. Si jamais tu fais un pas en arrière, ça provoque un carambolage, t’as trois mecs derrière qui se figent. Tu viens de franchir la ligne des 1 mètres de distance meuf REPRENDS TOI IL S’AGIT DE LA BIOCOOP MERDE

J’étais donc un peu à cran. Ça a sûrement joué dans ce qui m’est arrivé en suivant. Va savoir si j’étais complètement dilatée des sphincters pour compenser une contracture intense des poumons, mais à un moment donné, je sens que mes sinus se débouchent d’un coup d’un seul.

Putain de merde, j’ai la goutte au nez.

Mais genre, un besoin impérial de me moucher. J’en ai des frissons rien qu’à le raconter. Et j’avais pas de mouchoir évidemment.

Là, je me suis dit, je suis foutue. Je venais de toucher à peu près 1000 trucs dans le magasin, et comme je suis pas organisée, j’avais pris un panier. UN PANIER. Le truc que personne ne touche depuis environ 10 jours. Moi, j’avais balancé ma batavia dedans oklm.

Bref, je suis là avec ma goutte. Impossible de m’essuyer avec la manche en scred, tout le monde scrute ce que tu branles avec ton coude dans une biocoop. Impossible aussi de m’essuyer avec ma main, je pouvais pas risquer de me foutre des germes de biocoop dans le pif.

J’étais prise au piège.

Il fallait que je passe à la caisse. Je ne pouvais pas rebrousser chemin, il n’y a pas échappatoire. Ressortir d’une biocoop sans acheter d’articles en période de confinement est assimilé à une infraction pénale. Tu risques jusqu’à 3 ans de prison avec sursis et l’impossibilité d’acheter plus de 100 grammes de semi complète pendant la durée du confinement.

Non. Pas le choix, fallait que je passe à la caisse avec la morve au nez.

Me voilà en faction devant le tapis roulant. Et le couple avant moi qui font les lèches cul en mode « heureusement que vous êtes là vraiment keskon ferait sans vous rolala vouzen avez du courage hein lilalalala ». La biocoop, c’est le nouveau contre pouvoir de la nation. Les gars se font sucer les boules comme s’ils pouvaient te filer des invits pour le backstage de Beyoncé et Jay Z.

Donc super, j’ai la morve au nez, mais en plus, je passe après les lèches chatte qui n’ont pas pris de panier et proposent du gel hydroalcoolique fait maison les gros bâtards. J’ai vraiment l’air d’une paria avec mon panier, ma batavia posée à l’air libre et ma goutte au nez. Ça me fait penser à ces gosses qui ont toujours des croutes vertes fluo collées au bord des narines et qui n’ont jamais aucun ami.

Putain, voilà, si j’avais eu une frange j’aurais pu me camoufler un peu.

Mais en fait, la caissière est tellement surmenée qu’elle n’a même pas le temps de lever la tête. Je serre les fesses et j’essaie de garder la tête un peu en l’air pour éviter toute chute inappropriée de morve. Je sors en inspirant par le nez et en expirant par la bouche.

J’ai réussi.

Putain mais quelle émotion, quelle journée wallah. J’en arrive à vous faire des billets avec pour seule action un nez qui coule. C’est beau le confinement.

6 réflexions sur “Journal d’une confinée #jour10

  1. Wallah t’es devenue notre rituel quotidien.
    Nous réclamons un billet par jour sans interruption, sinon on coupe la frange de tous les otages et boules à zéro pour tout le monde wallah.

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  2. 🤩
    Je fais de la télé-coupe : via Messeng’Hair, je te guide pour chaque coups de ciseaux.
    La télé-coupe c’est comme le télé-achat tavu tu payes 9 fois le prix normal, et après tu regrettes.

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  3. C’est pas parce que je suis semi-complet qu’il faut me prendre pour une bonne pâte, des gens dans ton genre qui me doivent du blé y en a plus que des collégiens un jour de juin à Walibi devant le boomerang.
    Trankil meuf reste pezouze

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