Journal d’une confinée #jour20

brillance 2

Soirée qui brille, avant qu’on perde 1000 points de vie

Je n’ai plus aucune foutue idée de quel jour il est, ni de quel est le projet.

Hier, pour nous remettre de notre cuite d’anniversaire, on a monté une semi cabane dans le salon avec matelas, couettes, et full oreillers, et on s’est échoués face au vidéo projecteur. Moi, je ne pouvais plus bouger, ni m’alimenter, ni m’hydrater. Je me suis trainée comme une femme enceinte de huit mois, toute nauséeuse et ballonnée, mais avec le taux d’alcoolémie d’un joueur de PMU.

On a regardé une saison entière de Community, soit une série dont les saisons sont constituées de 24 épisodes de 20 minutes. Sans pause.

Oui, faites le compte. Ça fait huit heures. On a passé huit heures devant l’écran.

Comme on était en gueule de bois, on savait plus si on avait faim ou soif. Du coup, dans le doute, on a mangé en continu pendant la totalité du truc. Pendant huit heures.

Quand on a terminé, mon mec ne savait plus parler français. Il ne parle qu’en anglais maintenant, sans sous-titres, on comprend pas tout ce qu’il dit. Parfois, il aboie, mais c’était déjà le cas avant. On a perdu toute notion de vie sur Terre, et on a ingurgité la plupart de nos provisions de confinement. Je ne sais plus d’où je viens, ni si Troy est mon cousin germain ou mon ex.

J’ai eu une pensée pour les prisonniers de Guantanamo, ceux qui sont torturés à coup de chanson de Britney Spears à burne en continu dans une pièce. Ça ressemblait à ça, sauf qu’on était consentants et qu’on avait des cookies.

Donc, oui, on a bien fêté mes 33 ans.

Heureusement, je m’étais reposée en prévision du truc. Le 1er avril, jour de mon anniversaire, je me suis dit Lola, c’est ta journée, cébon, prends un peu de temps pour toi franchement, toujours à courir, même pas le loisir de se détendre. Ok, c’est la journée de l’humour, mais toi, ta vie est une blague, prends donc une pause Kit Kat. Donc, j’en ai profité pour rien branler et mater une série oklm.

Comme on avait tous jeûné le jour dit pour pouvoir s’alimenter le plus possible le soir-même, on avait la dalle à 18 heures. On a donc attaqué l’apéro comme des débutants, à jeun et hyper tôt. Putain, c’est quand qu’on grandit en fait.

Donc, je vous fais un résumé, mais vous connaissez l’histoire. On a bouffé comme des gros, mais on a surtout bu.

À 21 heures, on était au champagne.

À 23 heures, on était torché.

À 1 heure, on jouait au burger quiz et s’engueulait comme du poisson pourri (est-ce vraiment une expression ? je ne sais plus où j’en suis, j’ai perdu la notion des choses, le poisson pourri a-t-il vraiment l’énergie de s’engueuler entre nous, surtout que la faune aquatique est avant tout respectée pour sa sérénité, ça n’a aucun sens)

À 3 heures, on était trois au comptoir du bar de la cuisine à s’envoyer des shooters et se faire des déclarations d’amour.

À 7 heures, les deux derniers survivants appelaient l’ensemble de leurs répertoires et jouaient à cache cache dans le jardin.

Ce matin, quand je me suis levée, j’ai d’abord cru qu’on avait changé d’année, je savais plus du tout où j’en étais niveau calendrier. Déjà le confinement, ça déboussole. Ajoute le changement d’heure, un anniversaire, et une cuite un mercredi, c’est un coup à décompenser ce bordel. Faut faire gaffe à maintenir les cuites le samedi, c’est pas bon pour le moral de s’ambiancer n’importe comment.

Bon, normalement, on a plus d’anniversaire dans la coloc jusqu’à la libération.

Mais il reste cinq saisons de Community. On est dans la merde.

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