Journal d’une confinée #jour23

sdr

Grosse excitation aujourd’hui sur la sortie à Auchan

J’ai passé un dimanche ultra pourri. J’étais au bout d’un cycle, je l’ai senti en me levant. Déjà, j’avais ultra soif, mais genre une soif anormale. Dès que je m’éloignais de ma bouteille, j’avais l’impression de traverser un désert.

Puis, aucune motivation de rien. Mais zéro. J’ai regardé un film, je me suis fait ultra chier. Une série. Re chier. Et vazy que je bois de l’eau. Et que je pisse tous les quarts d’heure.

J’ai compris rapidement que cette soif me venait tout droit de mon foie. Il était en PLS. Voilà, trop de gras, trop d’alcool, je me suis fait punir. Et là, je peux te dire que ma journée a pris un tournant. Keske tu fais en confinement si tu peux pas manger franchement ? Personnellement, en ce moment, tu m’enlèves la bouffe, tu m’enlèves ma raison de vivre.

Aloooooooors, keskonfé à manger ce soiiiiiir ? C’est plus ou moins la question principale de ma journée. Donc, déjà ça me prend du temps de cerveau, puis après, faut cuisiner, puis on mange, puis on fait la vaisselle.

Tu fais ça deux fois par jour et t’as cramé 4 heures sur 24. Minimum.

Donc je me suis retrouvée sans but dans la vie, complètement livrée à mon existence. Et je me suis sentie vide.

Je tournais en rond comme un lion en cage. C’est à cette occasion que je me suis rendue compte que toutes mes fringues sentent le cassoulet, le gras et les frites. Comme quand t’arrêtes de fumer et que tu te rends compte que t’as une odeur de cendrier.

Mes colocs, face à mon désarroi, m’ont poussée dehors. Va faire un putain de tour de pâté de maison Lola.

J’y suis allée sans conviction, en legging, le cheveu gras et l’âme en peine. J’avais perdu le goût de la vie. Je suis quand même passée devant Asia food pour voir s’ils continuent à faire des nems. Ils étaient fermés. Même les Chinois nous ont abandonnés.

Donc, ce matin quand je me suis levée, à midi et demi, je me suis dit qu’il fallait se reprendre en main. C’était le jour parfait pour aller faire des courses. Ma coloc, Bibiche, voulait acheter du terreau et des pots. C’est là qu’on a eu la révélation.

IL FAUT ALLER À AUCHAN.

Oh putain. Je vous raconte pas l’excitation. J’avais 13 ans à nouveau, et ma seule activité sociale de la semaine était d’aller à Auchan bouffer des magnums. On s’est données rendez-vous dans le salon 45 minutes plus tard, et on est allées se préparer.

Ben attends, ça faisait une semaine que j’avais pas eu une interaction sociale avec des gens, autres que mes colocs, et que j’avais pas mis une fringue qui sente pas le friton de canard. J’ai vraiment eu l’impression de me préparer pour une soirée. Je me suis dit, allez je tente le tout pour le tout, je mets du rouge-à-lèvre.

Wallah, j’étais émue. Surtout quand j’ai vu que Bibiche avait eu la même idée. On était là avec nos jeans, notre rouge-à-lèvres, et nos poches carrefour, complètement émoustillées. On a même pris une photo tellement c’était un événement.

Donc, on arrive à Auchan. Bon, on a droit aux politesses de rigueur. Queue et gens masqués qui se regardent en coin. Au niveau des masques, ça commence à être un bon festival de n’importe quoi j’ai l’impression. Entre ceux qui foutent des masques papiers sous le pif, donc eux quand ils éternuent ça rentre à l’intérieur apparemment, les gens qui cousent des trucs avec les fringues barbies de leurs gosses, et les utilisations surprenantes d’objets insolites pour se protéger (mon mec en a croisé une avec une feuille d’intercalaire en plastique accrochée devant le visage).

Une fois que t’as passé le filtrage, ben les uns mètres de distance, c’est vraiment au feeling.  Je me suis retrouvée à tourner dans un rayon et me retrouver en faction devant une personne qui voulait elle-même tourner de mon côté. Là, tout le monde se fige. C’est chat glacé le bordel. Je tente un pas chassé en retenant ma respiration mais c’est complètement con. Bref, on a pas le choix, on se frôle et t’as l’impression que t’es en infraction.

Y a des moments où tu te retrouves dans un attroupement sans vraiment comprendre pourquoi, et tu sens que la panique envahit un peu le groupe.

On a pas pu s’empêcher d’aller fouiner du côté des chaussons et des fringues. Je suis repartie avec un nouveau legging. J’ai failli flancher sur la culotte, mais je me suis dit que c’était pas de première nécessité, alors que le legging, clairement, ça l’est.

Voilà. Mission accomplie. Si on a le corona dans les jours qui arrivent, on saura pourquoi. En attendant, j’ai un nouveau legging et de quoi faire pas mal de gras.

Un nouveau cycle peu démarrer.

4 réflexions sur “Journal d’une confinée #jour23

  1. Qui dira les joies de faire les courses ! Ah! Leclerc et sa cafeteria où je bois un chocolat – le meilleur de la ville …
    Je viens de comprendre qu’en Vertu des Lois- des Reglements – sur les Sorties Autorisées, nous avons Droit à une heure pour une promenade, tout le temps ??? <!!! pour les courses de première nécessité. Ca change tout !
    Bises, bonne semaine !:)

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  2. Pourquoi personne ne parle des vrais sujets ?

    La détresse des gens isolés ?
    ➡️ Pas vu, pas triste.

    Les emplois précaires, qui ont sauté plus vite qu’une souche de virus du coude de ton voisin à l’interrupteur de la lumière de la cage d’escalier ?
    ➡️ Ils avaient qu’à y penser avant (c’est BFM TV qui le dit donc c’est forcément vrai).

    Les crises d’angoisses des hypocondriaques ?
    ➡️ Finalement ils avaient peut-être raison de flipper avant tout le monde, non ?

    J’ai bien compris que dans cette odyssée à Auchan, il y avait un tabou.
    Et le legging c’est juste un prétexte, bien ou bien ? Bon, bien.

    Les dealers de la cité voisine, eux aussi l’ont bien saisi. Et se sont vite adaptés. Non, ils ont pas remplacé survêt’ par legging, même si ça donnerait un petit air de poésie. T’imagine ton dealer qui te livre en pointes et entrechats ? La classe à Dallas 🤠

    L’autre jour, lors de ma sortie essentielle à la survie de mes enfants (oui, y a pas la case, mais tous les parents savent ce que je veux dire) j’ai été accosté comme ça :
    —Wesh (oui c’est un dealer poli, il parle avec une majuscule en début de phrase), tu veux de la farine couz ??
    — (réponse tout aussi polie, et pour éviter qu’il ne me décline la totalité de son catalogue) Non merci, je me drogue pas.
    — euh… vazy c’est pour faire des gâteaux kes tu mens brouille là ?
    — What?

    Oui j’avoue, j’en ai perdu mon français et comme je ne parle pas latin, j’avais que ça en stock. Allemand LV1 mais c’est pas facile de parler allemand sans coronastilloner.
    Mon espagnol ? Il se limite à la saison 1 et 2 de Casa de Papel + la saison 1 de Permis de vivre, donc j’avais que “Lo siento” ou “la cuenta, por favor”. Et la situation était déjà assez ubuesque pour ne pas rajouter de confuzioñ.

    — j’ai aussi de la levure si tu veux. Par contre faut aligner, trop la crise c’est dur les affaires t’as vu
    — euh, bah, je vais réfléchir, merci, bonne continuation

    Rentré chez moi, en cherchant sur Instagram comment faire du pain sans levure ni farine, je suis tombé sur un reportage qui montre en caméra caché l’étendue de cette pénurie.

    ➡️ https://www.instagram.com/p/B-rKJ63KDfb/?igshid=lp6xrjki555m
    Et vous, à tout hasard vous n’êtes pas en manque de […].

    Pardon pour ce moment d’impudeur, je me reprends.

    Grâce à Pablo, j’avais aussi “Plata o Plomo”. Mais, face à mon dealer legging-less, j’ai pas osé.
    Du coup pour oublier ce manque de cran, j’ai décidé de faire ma célèbre recette de crêpe vegan, spécial anti-allergie aux produits laitiers, intolérant au gluten et diabétiques. Oui, il reste que du rhum et alors ?

    Ca risque de mal tourner. Heureusement que j’ai pas de frange.

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    • Espagnol LV2. Mais je tire la plupart de mon savoir de la série Un Dos Tres, et mes talents de danseuse par la même occasion. Lola et Pedro, y avait du talent chez ces gens là.

      J’ai toujours pas de frange, mais j’ai topé un paquet de farine, ça nous a remis dans le game du confinement. J’ai pas abordé le sujet, apparemment tu sais où j’habite, je voudrais pas me faire braquer la blanche.

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