Les coiffeuses sont responsables de la misère humaine

J’ai une malédiction en ce qui concerne les coiffeuses. Je pense sérieusement qu’un jour quelqu’un a pris une petite poupée de chiffon à mon effigie et a planté des aiguilles au niveau du cuir chevelu, me souhaitant malheur capillaire à vie.

C’est ça ou alors toutes les coiffeuses de la terre ne font ce métier que pour apporter tristesse et angoisse à autrui. Autrement dit, elles seraient toutes des connasses.

J’ai beau changer de salon à chaque tentative, rien n’y fait. Je ne demande pourtant pas grand chose, juste deux ou trois petites tailles de cheveux ici ou là. Mais plus c’est simple plus ça les énerve. Elles y voient un challenge.

Hum comment vais-je bien pouvoir exprimer mon talent avec si peu de marge et lui pourrir la vie pour les trois prochains mois ?

Tellement bien que maintenant le simple fait de rentrer dans un salon de coiffure me fout de mauvais poil. À peine installée sur le fauteuil que j’ai les nerfs à vif. C’est évidemment à ce moment précis que votre chevelure ne vous a jamais paru aussi belle et soyeuse.

Je suis vraiment canon avec ces fourches finalement, ça me donne un côté sauvage. Merde qu’est-ce que je fous là ?

Trop tard, elle est déjà en train de vous brosser les cheveux avec son peigne minuscule.

– Alors qu’est ce qu’on fait ?

– Ben on refait juste le dégradé. Un petit. De rien du tout. Et on coupe pas beaucoup hein. Tenez j’ai une photo de ce que je voudrais faire.

Sors une photo de Beyoncé, cheveux au vent.

– Ah oui je vois… Si je peux me permettre, ils sont quand même très abimés, il faudrait couper au moins 8 centimètres.

– …

– 5 centimètres ?

– Bon 3 centimètres si vous voulez, mais pas plus hein !

Et voilà, le piège se referme sur vous. Sans le vouloir, vous venez de lui donner l’autorisation de couper 15 centimètres et de vous faire une coupe au bol. Elle le sait, je le sais et je me crispe un peu plus sur mon siège, la nuque raide.

Le shampoing et le massage de la stagiaire ne m’apaisent pas, je me dirige vers le miroir comme si j’allais à l’échafaud. Elle a à peine commencé que j’ai déjà envie de chialer. Je la fixe de mon regard le plus noir, celui qui veut dire « si tu coupes trop, je te défonce », mais ça n’a pas l’air de lui faire beaucoup d’effet. Elle est trop concentrée à me coiffer les cheveux vers l’avant du visage, histoire que je n’ai pas trop de vision sur ce qui se passe.

Je vois mes cheveux tomber au sol et essaie de me faire une raison.

Allez Lola, ce ne sont que des cheveux. C’est pas la fin du monde, tu vas pas chialer pour ç… MON DIEU MAIS JE SUIS HORRIBLE ! (*larmes aux yeux, tachycardie, tremblements des mains)

Trop tard, le mal est fait. J’ai une coupe au carré. Je la vois, je la sens, je suis toute légère de la tête.

Je sombre dans une espèce de torpeur maudissant sur trois générations cette pétasse, jalouse de mes pointes sèches qui me donnaient un côté sauvage. Elle tient absolument à me faire un brushing alors que je n’en veux pas. J’ai perdu le goût de me battre, le goût de la vie. Je la laisse faire. Toute façon c’est trop tard, je ressemble à un mec légèrement efféminé, autant qu’elle s’amuse un peu.

Je finis le rendez-vous avec le vague à l’âme, mon élastique en main, prête à camoufler le tout dès ma sortie du salon.

Le soir même, je suis de sortie. Je cache ma nouvelle coupe à grand coup de barrettes, headband et tous les accessoires pour cheveux que je trouve. Evidemment mon passage chez le coiffeur suscite la curiosité.

– Allez, fais voiiiiiir !

– Non, je suis moche. Ma vie est foutue.

– Ro, mais vas-y montre !

Je défais la coiffure, trois pauvres mèches me tombent sur les épaules, pitoyablement.

– Han mais ça va ! Ça te va bien.

– Ta gueule.

– Non mais sérieux, j’aime bien moi.

Je n’ai jamais su si c’était de la pitié. Ça fait six mois que je me tartine d’huiles essentielles à l’Ylang Ylang et que mes cheveux sentent le lapin mort, soit disant parce que ça fait pousser plus vite.

Je ne sais pas qui sera la prochaine connasse, mais j’ai bientôt besoin de me faire refaire le dégradé. J’ai mis de côté une photo de Scarlett Johansson, des fois que je tombe sur une nana compétente.

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