J’ai découvert mon premier cheveu blanc. Là, à l’orée de mes 30 ans. Il s’est planté sur mon front comme un rappel.
Ça faisait un moment que je l’observais. Ce cheveu un peu trop blond pour être le mien. Je le sentais pas. Il était dans ma ligne de mire.
Du blond, il est donc passé au blanc, cet enculé. Certains me diront que j’ai de la chance, que d’autres en ont depuis leur vingtième année. Mais je crois que je l’aurais mieux pris à 20 ans qu’à 30. À 20, tu SAIS que tu n’es pas vieux. Balec du cheveu blanc. Mais quand le premier arrive juste quand t’es en pleine crise existentielle, ça change la donne.
Heureusement, je l’ai découvert en vacances, avec des gens déjà fournis en mèches blanches. Mon annonce n’a donc eu aucun effet.
Le premier cheveux blanc, c’est un peu comme les premières règles. Tu l’attends avec une forme d’impatience apeurée. Est-ce que ça va faire mal, est-ce que je vais avoir de gros seins ? Sauf que dans la deuxième situation, c’est plutôt : est-ce que les rides vont suivre, mes seins vont-ils tomber ?
Donc, comme pour les règles, ce sont seulement celles qui ouvrent le bal qui font sensation. Au bout d’un moment, quand la plupart ont passé le cap, plus personne n’en a rien à battre. Tout le monde a compris que c’était une grosse arnaque. J’ai fait partie de la première fournée côté règle, j’ai eu mon moment de gloire. J’accepte donc que mon premier cheveu blanc n’intéresse personne.
Évidemment, la première chose qu’on m’a dite c’est « surtout ne l’enlève pas ! » La fameuse légende du cheveu blanc diabolique qui se multiplie dès qu’on l’arrache. Je pense que nombreux sont ceux qui se méfient de la véracité de cette information. Mais dans le doute, personne n’a jamais essayé de l’arracher, juste pour voir.
Il est là, planté sur mon front. Au moment où l’âge se fait sentir. Au moment où tu sens que tu changes de catégorie sociale, où les codes se modifient. J’accueille actuellement en airbnb, une étudiante chez moi.
– Au fait, t’as quel âge ? qu’elle me bave.
– 30 ans.
– Sérieux ?! Mais je croyais que t’étais étudiante, et que t’avais genre 24 ans !
Quelle n’était pas ma fierté. J’ai mentalement fait un fuck à mon cheveu blanc. Sauf qu’elle a ajouté :
– Et moi, je te tutoie tranquille et tout ! Hihihi.
Décomposition faciale. J’ai donc atteint l’âge de sagesse où le vouvoiement est de rigueur.
– Et toi t’as quel âge ?
– 22 ans.
– Je t’en aurais donné 26. *Yeux fous*
Ça ne l’atteint pas. Elle a la confiance de la jeunesse, cette pute.
Je me souviens de la première fois où j’ai entendu : « Laisse passer la dame. » J’ai regardé autour de moi. Mais c’était bien moi, la dame. J’avais envie de crier que la dame, elle vous prend là, tous et tout de suite, au gin tonic. Concombre.
Du coup, je suis maintenant une dame avec un putain de cheveu blanc. Le début de la descente vers les coiffures de mamies, cheveux brushingués relevés vers l’arrière. Sommes-nous tous voués à passer sous ces énormes casques, façon machine à remonter le temps, qu’ils ont dans les salons de coiffure ?
Je mate ce connard de cheveux. Et si on disait qu’il était blond ?
Ahah ! Je découvre ton blog et je dois dire que j’apprécie le ton !
Si je peux te rassurer on ne le voit pas ton cheveu blanc ^^
Je vais continuer la lecture avec plaisir. 🙂
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