
C’est un problème national.
Aujourd’hui est une journée sans motivation. Ça arrive hein. Depuis le début, je donne tout comme si j’étais en stade terminal du cancer. Total, je marche comme Robocop tellement j’ai fait trois squats de muscu et que j’ai pas l’habitude, j’écris, et je monte des vidéos pourries à longueur de journée.
Même pas eu le temps de bouquiner ou de mater un film.
Je vais me claquer un burn out pendant le confinement si ça continue. Complètement hors sujet la meuf.
Je ne suis pas la seule dans cet état d’esprit. En moins d’une semaine, c’est ouf de voir ce que les gens peuvent développer comme projets créatifs.
Ça permet d’étudier le niveau d’adaptation des gens. Par exemple, tu ferais quoi si c’était ton anniversaire en plein confinement ? Ben mon pote s’est pas laissé démonter. Nous avions comme mot d’ordre de nous retrouver à 12h08 au rayon « vin et cacahuète » du supermarché de Compans Caffarelli.
Brillant.
J’ai pris ma petite attestation, mais j’avais tellement l’impression d’être en mission, une sorte d’agent double infiltré, que j’ai un peu réfléchi à ma tenue avant de partir. Pas de couleur flashy, on sait jamais qu’on se fasse repérer.
Je me suis faufilée entre les rayons, tout en faisant mine de chercher des pâtes.
Total, j’étais la seule à avoir pris ça au sérieux. Les autres ont pensé que c’était une blague. Du coup, on s’est fait des bisous du regard, on a papoté confinement 10 minutes, puis on s’est dit à dans 40 jours.
Je n’étais plus sortie depuis le confinement officiel de mardi dernier. J’ai eu le loisir de constater que la vie n’a pas beaucoup changé dans les rues de Toulouse. Mais par contre, v’la l’ambiance dans le Carrefour. Les caissiers sont camouflés derrière des bâches en plastiques, avec masques et gants, t’as l’impression que tu vas te faire opérer de l’appendicite quand tu veux payer ton roquefort.
Et surtout, les gens sont tellement sur les nerfs. Si t’as le malheur de poser le pied à côté de la ligne d’attente de sécurité, tu te fais remballer façon vénère.
Le pire, c’est évidemment sur les réseaux sociaux. Au début du phénomène, y’a un contact qui a écrit « et si on profitait du confinement pour tous s’insulter ».
Un prophète, wallah.
Je vois des conversations passer sur « est-ce qu’on doit porter un masque ou pas mais putain fils de pute t’es égoïste à l’hosto ils en ont plus mais on est tous porteurs sains bordel de merde et de toute façon t’es pas médecin alors tu la fermes ». Ça fait flipper.
Il parait qu’il faut 28 jours pour se déshabituer d’une situation ou d’un sentiment. 28 jours pour se déshabituer de la cigarette, d’une addiction, d’une personne, d’un hobby.
J’ai regardé un film aujourd’hui. Quand y’avait des scènes où les gens se touchaient, j’étais pas tranquille. J’avais envie de leur dire, « franchement vous respectez rien wallah, sauvez des vies restez chez vous sérieux« .
Et ça ne fait que 6 jours. Qu’est-ce que ça va donner dans 28.
Peut-être que les masques seront à la mode, que le jogging sera un nouveau mode de transport, ou que le cours du PQ aura remplacé le cours de l’or.
Ou peut-être que j’aurais une frange.